Quel monde associatif demain ? Mouvements citoyens et démocratie

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Une démarche de recherche-action… 
En novembre 2020 plusieurs réseaux associatifs et des chercheurs concrétisaient plusieurs mois de réflexion et d’échanges par l’organisation d’une journée d’étude intitulée Quel monde associatif demain ? Des limites actuelles de l’action associative aux moyens de les dépasser.
Cette année 2020 a en effet confirmé l’importance du monde associatif et la capacité d’auto-organisation des citoyens pour faire face à une situation totalement atypique. Mettre en œuvre la solidarité, palier les failles ou les insuffisances des institutions publiques : les associations ont été sur le terrain et ont fait preuve d’agilité dans un contexte difficile. Cependant, et comme à l’accoutumée, leur action a été relativement invisibilisée ou plus exactement réduite à une gestion de l’urgence et la partie « immergée » de l’iceberg associatif, à savoir sa capacité d’interpellation, de plaidoyer, minorée.
Acteurs associatifs, chercheurs et responsables politiques se sont donc interrogés sur les dynamiques à mettre en œuvre, les pistes de travail à envisager pour donner toute sa dimension démocratique au fait associatif. La très forte participation à cette journée, dont les actes sont disponibles sur le site du programme de recherche Démocratie et économie plurielles de la FMSH, et la richesse des diverses interventions ont fini de nous convaincre qu’il y avait matière à constituer un ouvrage.
Quel monde associatif demain ? Mouvements citoyens et démocratie présente donc l’originalité d’être le fruit de cette recherche-action et de combiner des contributions de responsables associatifs et de chercheurs. C’est donc une écologie des savoirs qui prévaut à cet ouvrage tout aussi loin des positions surplombantes archaïques dont le monde de la recherche a pu (et peut encore ?) faire preuve que des enfermements dans des logiques verticales.
 
…qui aboutit à un livre 
Le livre est structuré autour de deux scénarios. Le premier, celui de l’affaiblissement, met en lumière les menaces qui pèsent sur le monde associatif et entravent son action. Pour ne donner que quelques exemples :

Ø  A travers des processus de marchandisation on assiste à la lente pénétration d’une idéologie selon laquelle le marché serait le plus apte à prendre en charge la solidarité (voir le chapitre sur les contrats à impact social ;
Ø  De la même façon, des processus de managérialisation, sous prétexte de professionnalisation des associations, sont à l’œuvre. Ces méthodes importées de l’entreprise affaiblissent le potentiel transformateur des associations en laissant de côté la question du sens de l’action et en se focalisant sur la dimension gestionnaire ;
Ø  Le livre aborde également la question des atteintes aux libertés démocratiques des associations avec les résultats issus du premier rapport de l’observatoire des libertés associatives, fruit de l’étude de cent cas, et qui documente la façon dont le cadre actuel de l’exercice de la citoyenne collective est mis à mal par une pluralité d’entraves matérielles, discursives, judiciaires ou policières. 
Si ces évolutions sont inquiétantes et bien réelles elles ne sont pas inéluctables et le second scénario, celui du renforcement, examine les leviers pour une meilleure prise en compte des alternatives. Il envisage les dynamiques internes existantes, à approfondir ou à mettre en œuvre pour affirmer le potentiel transformateur des associations, pour passer en quelque sorte à l’offensive et reformuler leur rôle dans la société : 

Ø  Travailler sur leur fonctionnement interne ;
Ø  Affirmer des processus participatifs et délibératifs ;
Ø  Créer des synergies au sein de l’économie sociale et solidaire ;
Ø  Repenser l’association à partir de la notion de commun ;
Ø  Assumer, revendiquer la capacité d’expérimentation des associations ;
Ø  Co-construire l’action publique ;
Ø  Penser d’autres modalités de financement et de soutien aux associations.

Arrêtons là cette énumération. On le voit les chantiers sont nombreux et un seul ouvrage ne suffit pas à embrasser leur ampleur. Fort heureusement s’ils sont nombreux les volontés d’agir le sont aussi, c’est dans cette perspective qu’il se veut avant tout un outil à mobiliser pour alimenter les débats et fédérer. Sans naïveté ou idéalisation des associations, il concerne aussi tous les mouvements citoyens, les regroupements issus de la société civile comme autant d’espaces de délibération et d’action indispensables à l’affirmation d’une démocratie guettée par l’autoritarisme.