Esquisse sur les besoins.

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La discipline économique prétend ne pas avoir à s’occuper de la question des besoins au nom de l’idée que ce qui se vend correspond bien évidemment à un besoin du consommateur. En réalité cela repose sur l’idéologie de l’homo oeconomicus, de l’individu libre de décider de ce dont il a besoin. Mais les choix du consommateur sont en réalité conditionnés par l’histoire de l’individu et  son environnement social. Par exemple, l’absence de transports collectifs amène à prendre une voiture pour aller au travail ; les règles du commerce international peuvent favoriser l’achat de biens bon marché produits à l’autre bout du monde  par des salariés très mal payés ; de même la publicité (article publié prochainement) oriente les choix du consommateur  etc.Actuellement, les médias et l’opinion publique considèrent que l’augmentation du Produit intérieur brut (PIB qui mesure les richesses produites au cours d’une année) est évidemment une bonne chose. Pourtant le PIB ne dit rien de la qualité de la vie sociale (voir l’article de Bernard Perret De la critique du PIB aux nouveaux indicateurs de bien-être). De même un faible taux de chômage est considéré comme un bien en soi, alors qu’il peut résulter d’un très grand nombre de personnes découragées de chercher un emploi ou de bien d’autres facteurs. Cette sacralisation du PIB ou du faible taux de chômage contribuent à occulter la question des besoins : plus on consomme, mieux c’est. Cela augmente le PIB et crée des emplois. Peu importe ce qui est produit et consommé. Cet économisme dominant rend inutile de se poser des questions sur l’orientation de la production et de la consommation. Cependant certaines revendications telles que le droit au logement viennent timidement perturber cet économisme. Mais une véritable remise en question de cet économisme supposerait de prendre au sérieux Simone Weil qui nous dit « La première étude à faire est celle des besoins qui sont à la vie de l’âme ce que sont pour la vie du corps les besoins de nourriture, de sommeil et de chaleur. Il faut tenter de les énumérer et de les définir…L’absence d’une telle étude force les gouvernements, quand ils ont de bonnes intentions, à s’agiter, au hasard ». Et Simone Weil s’y est essayée. (L’enracinement. Folio essais). De même Maurice Bellet dans son livre « L’Europe au-delà d’elle-même » (Desclée de Brouwer 1996 p.156 et ss.).Voici ce que disait il y a quelques années le Manifeste pour l’économie humaine : « La seule finalité légitime de l’économie est la qualité de vie des hommes et des femmes, à commencer par celle des plus démunis. Par « qualité de vie il faut entendre la satisfaction équitable des aspirations humaines : pas seulement celles que procurent les consommations marchandes mais aussi l’ensemble des aspirations échappant à toute évaluation monétaire : dignité, paix, sécurité, liberté, éducation, santé, loisir, qualité de l’environnement, bien être des générations futures etc. » (J.Généreux in Revue Esprit 2001, p.141-170).Pour orienter la production et la consommation l’Etat dispose de divers moyens notamment  les subventions à différentes activités et la fiscalité (voir Quel nouveau cap pour la politique fiscale?).
 
  • A lire : J.B. de Foucauld : L’abondance frugale, pour une nouvelle solidarité, Odile Jacob, Paris, 2010. Pierre Rabhi. Vers la sobriété heureuse ? Actes Sud 2010.