Encyclopédie du changement de cap lettre@eccap.frMasquer A | merchier@aol.com
{"props":{"pageProps":{"category":{"id":"dGVybTo2NTEx","name":"Idéologie","posts":{"nodes":[{"id":"cG9zdDoxNTAz","title":"Débat Koulberg-Merchier à propos de la lettre 46","uri":"/2021/03/28/islamogauchismeouislamogauchisme/","date":"2021-03-28T08:04:47","categories":{"nodes":[{"name":"Colonialisme","slug":"colonialisme"},{"name":"Idéologie","slug":"ideologie"}]},"slug":"islamogauchismeouislamogauchisme","content":"\u003cdiv\u003e\u003cstrong\u003eLettre de André Koulberg à Maurice Merchier\u003c/strong\u003e\u003c/p\u003e\n\u003cp\u003eMonsieur Merchier\u003c/p\u003e\n\u003c/div\u003e\n\u003cdiv\u003eLe projet de l\u0026rsquo;Encyclopédie du changement de cap m\u0026rsquo;a toujours intéressé et j\u0026rsquo;ai un peu participé à son lancement. Nous insistions sur la dimension collective et pluraliste des contributions, la connaissance du terrain, l\u0026rsquo;exigence critique\u0026#8230; Or, en lisant votre lettre d\u0026rsquo;information, il ne me semble rien retrouver de tout cela.\u003c/div\u003e\n\u003cdiv\u003eD\u0026rsquo;abord, une personne seule qui exprime quelques unes de ses idées sur une thématique aussi riche et complexe, cela me semble très éloigné de ce que devrait être une encyclopédie. Ensuite sur le fond, je reste sur ma faim.\u003c/div\u003e\n\u003cdiv\u003eVous faites des commentaires sur des faits, des concepts, des constats qui ne sont pas questionnés, et qui semblent donc aller de soi. Cela me fait aussitôt réagir !\u003c/div\u003e\n\u003cdiv\u003eA aucun moment vous n\u0026rsquo;analysez ce que serait « l\u0026rsquo;islamo-gauchisme », la « culture du viol », ce que vous nommez le « décolonialisme », etc\u0026#8230; Cela paraît, à vous lire, évident. Ce sont quelquefois des débats qui ont duré des dizaines d\u0026rsquo;années qui disparaissent ainsi sous l\u0026rsquo;évidence. Vous dites bien à un moment qu\u0026rsquo;il faudrait un vrai débat de fond, mais il n\u0026rsquo;est nulle part.\u003c/div\u003e\n\u003cdiv\u003eMieux,, non seulement vous commentez des évidences non problématisées, mais votre jugement de valeur est partout, substituant à l\u0026rsquo;analyse une deuxième réduction à l\u0026rsquo;évidence : celle de votre point de vue. Ainsi, on apprend que « l »antiracisme », le « néoféminisme » (lequel ?), « la cause LGBT »\u0026#8230; sont seulement des «\u0026nbsp; théories », pire encore, des « idéologies » qui s\u0026rsquo;infiltreraient partout\u0026#8230; Sans un mot d\u0026rsquo;analyse sur ce qu\u0026rsquo;est la situation des étrangers, des femmes, des homosexuels en France et sur les différents mouvements, associations, courants qui défendent le droit des étrangers souvent victimes de discriminations, le droit des femmes, le droit des homosexuels eux-mêmes victimes de nombreuses agressions en France. Si on élimine tout cela que reste-t-il de la réalité dont on est censé parler ? Les antiracismes, les féminismes, etc. ne sont pas que des idées pures, elles prennent racine dans un réel que l\u0026rsquo;on ne peut laisser de côté.\u003c/div\u003e\n\u003cdiv\u003eVous invoquez la neutralité axiologique de Max Weber, mais cela vaut-il pour vous-même ? Vous jugez immodérément. Au détriment de l\u0026rsquo;étude de la réalité complexe et conflictuelle sur laquelle portent vos jugements. C\u0026rsquo;est être très loin du terrain que de ne voir dans la défense de « la cause LGBT » qu\u0026rsquo;une posture idéologique.\u003c/div\u003e\n\u003cdiv\u003ePrenons un autre exemple de ces jugements hâtifs. Selon vous, l\u0026rsquo;expression « culture du viol » est ridicule. Mais d\u0026rsquo;où sort-elle ? Qu\u0026rsquo;est-ce qu\u0026rsquo;elle signifie ? Même dans un exposé relativement court vous auriez pu répondre à ces questions, car sans y répondre on parle de quoi ?\u003c/div\u003e\n\u003cdiv\u003eLa « culture du viol » est aujourd\u0026rsquo;hui une expression mise en avant par des antiféministes pour suggérer que les féministes tiennent des propos déraisonnables, délirants et qu\u0026rsquo;elles sont bien ces militantes extrémistes et hystériques dénoncées un peu partout. Mais d\u0026rsquo;où vient ce terme ? En France, du livre de Valérie Rey-Robert : « Une culture du viol à la française » (Libertalia, 2019). Ce n\u0026rsquo;est nullement l\u0026rsquo;ouvrage d\u0026rsquo;une féministe échevelée lançant des accusations délirantes, mais une étude sociologique précise et sérieusement argumentée.\u0026nbsp;\u003c/div\u003e\n\u003cdiv\u003eEntre 50 et 80000 viols ou tentatives de viols, des centaines de milliers d\u0026rsquo;agressions sexuelles en tout genre sont répertoriés en France chaque année\u0026#8230; ce phénomène massif demande à être expliqué. Valérie Rey-Robert montre qu\u0026rsquo;il ne peut s\u0026rsquo;expliquer que par l\u0026rsquo;existence d\u0026rsquo;une mentalité, une « culture » beaucoup plus large que celle des délinquants sexuels incriminés par la justice, une culture banalisant les agressions « ordinaires » du quotidien, une mentalité sexiste\u0026#8230;\u003c/div\u003e\n\u003cdiv\u003eRien de délirant dans ces considérations. On peut toujours chercher à contester ces thèses en répondant aux arguments énoncés, mais se servir de la formule « culture du viol », sortie de son contexte, pour rééditer la vieille accusation d\u0026rsquo;extrémisme et d’irrationalité portée contre les féministes est un acte de propagande : de propagande antiféministe.\u003c/div\u003e\n\u003cdiv\u003eEn reprenant ces jugements sans analyse critique, on sert (« non intentionnellement », pour reprendre votre expression) cette propagande.\u003c/div\u003e\n\u003cdiv\u003ePour ce qui est de « l\u0026rsquo;islamo-gauchisme », l\u0026rsquo;absence de distance critique et d\u0026rsquo;analyse, est tout aussi fâcheuse. Un terme de combat destiné à discréditer ses adversaires idéologiques (les pamphlets de Pierre-André Taguieff, aussitôt suivis par de nombreux propagandistes, dans bien des cas totalement ignorants de ces questions) est brandi comme un fait avéré. Mais pour lui attribuer la dignité d\u0026rsquo;un fait, il faudrait d\u0026rsquo;abord vérifier que ces pamphlets sont des modèles d\u0026rsquo;objectivité, qu\u0026rsquo;ils n\u0026rsquo;ont jamais été rigoureusement réfutés, que l\u0026rsquo;action des « gauchistes » favorisent effectivement l\u0026rsquo;islamisme, que ces « gauchistes », porteurs d\u0026rsquo;une idéologie unique, existent\u0026#8230;\u003c/div\u003e\n\u003cdiv\u003eIl n\u0026rsquo;y a pas d\u0026rsquo;évidences moins évidentes que ce genre de termes. Les reprendre tels quels, c\u0026rsquo;est reproduire les discours dominants sans les questionner. Tant de magazines, d\u0026rsquo;émissions de télévision, d\u0026rsquo;idéologues le font ! Il n\u0026rsquo;est pas nécessaire d\u0026rsquo;y ajouter une encyclopédie de plus.\u003c/div\u003e\n\u003cdiv\u003eTout au contraire, une encyclopédie riche de plusieurs voix, susceptible d\u0026rsquo;encourager l\u0026rsquo;approfondissement critique, aurait vraiment un rôle à jouer en cette période troublée. J\u0026rsquo;espère qu\u0026rsquo;après ce qui me semble être un faux pas, elle en prendra le chemin. Bonne continuation !\u003c/p\u003e\n\u003cp\u003e\u003cstrong\u003eRéponse de M Merchier\u003c/strong\u003e\u003c/div\u003e\n\u003cdiv\u003e\u0026nbsp;\u003c/div\u003e\n\u003cdiv\u003eMerci M Koulberg de votre commentaire\u003c/p\u003e\n\u003c/div\u003e\n\u003cdiv\u003ePour satisfaire votre « faim », il me faudrait publier un véritable ouvrage ! Certes, je ne « questionne » pas tous les faits ni tous les concepts que j’utilise. Cela ne peut se faire dans le cadre d’un article général, dans lequel il y a forcément des références allusives. Il\u0026nbsp; n’est d’ailleurs pas possible de faire autrement, et vous ne faites pas autrement vous-mêmes, en pratiquant également le jugement de valeur sans démonstration : le livre de Valérie Rey-Robert, correspondant à vos préférences idéologiques, est pour vous un authentique travail de sociologue, mais celui de Pierre-André Taguieff, qui n’y correspond pas, est un pamphlet. \u0026nbsp;\u003c/div\u003e\n\u003cdiv\u003eIl me faudrait répondre point par point aux objections que vous formulez. Mon objectif dans cet article n’était pas d’argumenter pour toutes les déclinaisons de cette culture « woke », mais de montrer qu’elles forment un ensemble, et que l’on sous-estime son importance dans la mesure où elle s’imprime en profondeur dans les représentations, et cela dès l’école, ce que je me propose d’analyser dans de futurs articles, mais, rassurez-vous, ailleurs que dans l’eccap ou sa lettre d’information.\u003c/div\u003e\n\u003cdiv\u003ePlutôt que d’aller plus avant dans une vaine polémique, je vais tirer les leçons de cette discordance, qui m’oppose, je l’admets, à beaucoup d’autres contributeurs de l’eccap, y compris à son co-responsable et fondateur, que vous connaissez bien.\u0026nbsp;\u003c/div\u003e\n\u003cdiv\u003eIl semble bien qu’ici, comme dans le débat public, une ligne de démarcation se renforce au fil du temps, jusqu’à devenir un véritable clivage, supplantant la vieille division droite/gauche, et divisant profondément des gens qui pourtant combattent ensemble le néolibéralisme.\u003c/div\u003e\n\u003cdiv\u003eLes raisons de ce paradoxe restent à analyser en profondeur. Là encore, c’est un chantier auquel je compte bien participer. En attendant, voici quelques raisons pour lesquelles j’ai « choisi mon camp », et que mon chemin va se séparer de celui de l’eccap, résolvant ainsi le trouble qu’ont pu susciter certains de mes textes, chez ceux qui participent ou adhèrent à la démarche de cette encyclopédie en ligne.\u003c/div\u003e\n\u003cdiv\u003eLa société dont je rêve est une société du dialogue ; le dialogue, c’est accepter le débat avec ceux qui ne sont pas d’accord : or de quel côté sont les empêchements de conférences, les pièces de théâtre interdites ? Les professeurs mis à l’index et désignés à la vindicte, comme à Grenoble ? Vous souhaitez une encyclopédie « riche de plusieurs voix » ; mais apparemment à condition que ces voix soient d’accord sur tout, (et je me demande ce qu’est alors « l’approfondissement critique » ?) puisque vous considérez que mon article est un « faux pas », et souhaitez qu’il ne se reproduise plus (à savoir que je disparaisse de l’eccap).\u003c/div\u003e\n\u003cdiv\u003eLa société dont je rêve est celle dans laquelle le « vivre ensemble » fonctionne « vraiment », c’est-à-dire dans laquelle des gens différents se côtoient, dialoguent, se « mélangent » oserais-je même dire. Je ne peux donc admettre des réunions « non mixtes » sexuellement ou racialement. Je ne peux admettre les « safe space » dans lequels on se réfugie entre gens qui pensent de la même façon. Plus globalement j’ai la conviction qu’il faut combattre l’orientation générale vers le communautarisme, et qu’il faut défendre notre République laïque qui offre un modèle unique au monde et exemplaire de ce vivre-ensemble.\u003c/div\u003e\n\u003cdiv\u003eLe présupposé implicite de ces comportements collectifs que je réprouve, c’est le déni de toute capacité d’empathie de l’être humain. Je suis offensé, je suis blessé quand on considère qu’un homme ne peut pas comprendre les violences que subit une femme. « L’inhumanité infligée à l’autre détruit l’humanité en moi. » disait Kant. Je ressens cela quand tout humain subit des violences, quelle que soit sa race, son sexe, son âge, et subis moi-même comme une agression le fait qu’on puisse en douter. Que seule une femme puisse défendre les femmes, qu’un « non blanc » puisse défendre les « non blancs », qu’un musulman puisse défendre les musulmans, qu’un descendant d’un peuple colonisé puisse mettre en cause la colonisation, qu’un homosexuel puisse défendre un homosexuel est une régression terrible.\u0026nbsp;\u003c/div\u003e\n\u003cdiv\u003eJe réprouve l’ordre moral que cette idéologie est en train d’imposer. La police du langage, les mots interdits, l’évacuation de la caricature, de la moquerie, de l’humour – par incapacité de pratiquer le « second degré » \u0026#8211; l’obligation de pratiquer l’auto-censure en permanence dans l’espace pubic (et donc privé puisqu’il n’y a plus de frontière entre les deux). Ordre moral étouffant qui conduit à évacuer de l’histoire tout ce qui ne s’y conforme pas, en déboulonnant les statues et en rebaptisant les noms de rue, en revisitant les contes pour enfants et en transformant des œuvres littéraires.\u0026nbsp;\u003c/div\u003e\n\u003cdiv\u003eJe réprouve l’auto-dénigrement collectif que cet ordre moral encourage, la repentance obligée face aux heures sombres de notre passé. L’effondrement de l’histoire à l’école y est lié, comme l’a bien vu Charles Peguy : « une société qui n’enseigne pas est une société qui ne s’aime pas ; qui ne s’estime pas ; et tel est le cas de la société moderne. ». Comment maintenir un consensus social, comment donner l’envie aux immigrants de s’intégrer dans de telles conditions ? Certes ces heures sombres existent ; il est légitime de les étudier, de les regretter, de nous mettre en garde collectivement contre leur éventuel retour. Mais il faut aussi les assumer, et ne pas en faire un fardeau de culpabilité reposant à jamais sur nos épaules et celles de nos enfants.\u003c/div\u003e\n\u003cdiv\u003eLes gens de ma génération, à laquelle appartiennent la plupart des contributeurs de l’eccap, devraient prendre conscience de la gravité de ce moment, et ont à mon avis le devoir de mettre en garde les plus jeunes contre les dérives de cette idéologie du « woke », plutôt que de se mettre paresseusement « dans le sens du vent » (« être dans le vent est un destin de feuille morte » comme a dit Jean Guitton), de chercher par de multiples « accommodements » intellectuels à garder leur contact, en feignant de « comprendre » et même « d’approuver » tous leurs errements, de peur sans doute d’être rejeté et disqualifié en tant que « boomer ». Parce que nous avons connu d’autres époques, et vécu d’autres épreuves, nous sommes mieux placés pour apprécier les dérives de celles-ci. Mais je sais que je ne serai pas entendu ici.\u003c/p\u003e\n\u003c/div\u003e\n\u003cdiv\u003eMaurice Merchier\u003c/div\u003e\n","author":{"node":{"id":"dXNlcjoyMjA1MDY5Nzg="}}},{"id":"cG9zdDoxNTA4","title":"N°= 46 Liberté d’expression pour théories biodégradables 1/03/2021","uri":"/2021/03/01/libertedexpressionpourtheoriesbiodegradables/","date":"2021-03-01T19:28:13","categories":{"nodes":[{"name":"Enseignement","slug":"enseignement"},{"name":"Idéologie","slug":"ideologie"}]},"slug":"libertedexpressionpourtheoriesbiodegradables","content":"\u003cdiv\u003e\u0026nbsp;\u003cstrong\u003eEncyclopédie du changement de cap\u003c/strong\u003e lettre@eccap.frMasquer\u003cbr /\u003eA | merchier@aol.com\u003c/div\u003e\n\u003cdiv\u003e\n\u003cfigure data-trix-attachment=\"{\u0026quot;contentType\u0026quot;:\u0026quot;image\u0026quot;,\u0026quot;height\u0026quot;:393,\u0026quot;url\u0026quot;:\u0026quot;https://ecp.yusercontent.com/mail?url=http%3A%2F%2F4e08x.img.a.d.sendibm1.com%2Fim%2F2576229%2F45c88f23829eda75ddc821cb29377f88b741b8dd6da6bd53b4126cd839da75df.jpg%3Fe%3DAx7Z8UeR48h2gjoz29t_jRf-9timRQLyXFuxkh2OQmoZwbj4CTZuQ3pfWbY8ROGvNmdY53YITujJm674q3cADh3y_wfjI36CD-DHLxc4yJ8qvWYavzGKgKD_cbtJmsY4pbheGV0CxW6uMi6aOoP37Pi02CA-0xsc9Nsr_WRtED6cblaKRBOepPOdmdN62J4Q-2Do4NJLYt-c_O61NkSw7xv23xJ4wHeFZGkfwQ\u0026amp;t=1615490373\u0026amp;ymreqid=0cd5bad2-9432-6300-2f57-50009e01bd00\u0026amp;sig=rxE2hNMD0vJLNF4sgZpzUQ--~D\u0026quot;,\u0026quot;width\u0026quot;:550}\" data-trix-content-type=\"image\" class=\"attachment attachment--preview\"\u003e\u003cimg loading=\"lazy\" decoding=\"async\" src=\"https://ecp.yusercontent.com/mail?url=http%3A%2F%2F4e08x.img.a.d.sendibm1.com%2Fim%2F2576229%2F45c88f23829eda75ddc821cb29377f88b741b8dd6da6bd53b4126cd839da75df.jpg%3Fe%3DAx7Z8UeR48h2gjoz29t_jRf-9timRQLyXFuxkh2OQmoZwbj4CTZuQ3pfWbY8ROGvNmdY53YITujJm674q3cADh3y_wfjI36CD-DHLxc4yJ8qvWYavzGKgKD_cbtJmsY4pbheGV0CxW6uMi6aOoP37Pi02CA-0xsc9Nsr_WRtED6cblaKRBOepPOdmdN62J4Q-2Do4NJLYt-c_O61NkSw7xv23xJ4wHeFZGkfwQ\u0026amp;t=1615490373\u0026amp;ymreqid=0cd5bad2-9432-6300-2f57-50009e01bd00\u0026amp;sig=rxE2hNMD0vJLNF4sgZpzUQ--~D\" width=\"550\" height=\"393\"\u003e\u003cfigcaption class=\"attachment__caption\"\u003e\u003c/figcaption\u003e\u003c/figure\u003e\n\u003cp\u003e\u003cstrong\u003eDes séquences récurrentes\u003cbr /\u003e\u003c/strong\u003e\u0026nbsp;\u003cstrong\u003e\u003cbr /\u003e\u003c/strong\u003eLa séquence est toujours la même. Après l’assassinat de Samuel Paty, Jean-Michel Blanquer dénonce une forme de « \u003cem\u003ecomplicité intellectuelle du terrorisme\u003c/em\u003e », et regrette que « \u003cem\u003eNotre société a été beaucoup trop perméable à des courants de pensées\u003c/em\u003e », au premier rang desquels « \u003cem\u003el’islamo-gauchisme\u003c/em\u003e ». Le 28 octobre, une centaine d’universitaires lui apporte son soutien, dénonçant à son tour l’islamo-gauchisme et « \u003cem\u003eles ravages des «idéologies indigéniste, racialiste et décoloniale\u003c/em\u003e ». Le 4 novembre, ce sont environ deux mille chercheurs et chercheuses qui dénoncent, dans une tribune au Monde, l’appel à « \u003cem\u003ela police de la pensée dans les universités\u003c/em\u003e ». Cette fois, ce sont les propos de Frédérique Vidal qui déclenchent la polémique, soutenus par Jean-Michel Blanquer, entraînant la réaction de la Conférence des présidents d’université faisant part de son « \u003cem\u003eémotion \u003c/em\u003e» , puis une nouvelle tribune, le 19 février, signée par plus de 600 membres de l’enseignement supérieur, dénonçant la « \u003cem\u003echasse aux sorcière\u003c/em\u003es » menée par leur ministre de tutelle, et réclamant sa démission. \u003c/p\u003e\n\u003cp\u003e\u003cstrong\u003eUne mise en cause maladroite\u003c/strong\u003e \u003c/p\u003e\n\u003cp\u003eLe gouvernement, et singulièrement la ministre de l’enseignement supérieur ont eu la grande maladresse d’avoir des propos qui pouvaient être interprétés comme des remises en cause des libertés académiques, même si telles n’étaient pas leurs intentions. Ils ont donné ainsi l’occasion à ces universitaires de se placer dans la posture avantageuse de résistance à un supposé pouvoir autoritaire cherchant à masquer les injustices et les inégalités. De plus, les accuser d’islamo-gauchisme, c’est-à-dire de faire au bout du compte le jeu des terroristes, suscite forcément leur indignation, car il va de soi que si encouragement à la radicalité il y a, il n’est en aucun cas intentionnel. Cela devrait être l’objet d’un (vrai) débat de fond. \u003c/p\u003e\n\u003cp\u003e\u003cstrong\u003eLes libertés académiques sont nécéssaires\u003cbr /\u003e\u003c/strong\u003e\u003cbr /\u003eAlors, disons-le, la liberté de recherche doit être défendue, et toutes les théories ont le droit d’être enseignées, quand elles ne transgressent pas la loi. Max Weber faisait de l\u003cem\u003e’éthique de la conviction\u003c/em\u003e la caractéristique principale du métier de savant ([1]). Cela implique, par définition, que la recherche de la vérité doit s’accomplir et s’exprimer quelles qu’en soient les conséquences. Ainsi, même s’il s’avère que ces théories de la domination blanche, de la persistance d’un inconscient colonisateur, d’un racisme d’Etat favorisent les entreprises islamistes, il faut les laisser s’exprimer. Les conséquences d’une théorie vraie ne sont pas forcément désirables. Cela sur le plan des principes : car – en pratique, dans le cas présent – il est possible de réfuter ces théories, et c’est ainsi, plutôt qu’en les interdisant, qu’on parviendra vraiment à les faire reculer.\u0026nbsp; \u003c/p\u003e\n\u003cp\u003e\u003cstrong\u003eUne nouvelle idéologie\u0026#8230;..\u003cbr /\u003e\u003c/strong\u003e\u003cbr /\u003eIl est tentant d’interpréter la récurrence de ces séquences en termes de clivage entre deux camps. C’est ce qu’on peut lire dans certains articles ; le Monde titre « I\u003cem\u003eslamo-gauchisme\u003c/em\u003e » : « \u003cem\u003eAu secours, le clivage droite-gauche revient ! \u003c/em\u003e» une tribune d’un collectif de députés LRM et ministres du gouvernement. Pourtant il n’en est rien et il ne faut pas tomber dans le piège de cette apparente symétrie. Il ne s’agit pas de l’affrontement de deux idéologies opposées, comme en d’autres temps s’opposaient marxisme et libéralisme, ou en économie keynésianisme et monétarisme. Une seule est en train de se développer, de se répandre, et de gagner la bataille de l’hégémonie culturelle, sans que rien de consistant ne lui soit opposé, les idéaux issus de la philosophie des lumières, l’aspiration à l’universalisme, et la confiance dans la force d’émancipation de l’enseignement de masse étant en pleine déroute.\u0026nbsp; \u003cstrong\u003e\u0026#8230; \u003c/p\u003e\n\u003cp\u003ese diffuse dans le corps social\u003cbr /\u003e\u003c/strong\u003e\u003cbr /\u003eLes théories en cause : l’antiracisme, le néoféminisme, la cause LGTB, le décolonialisme, l’islamo-gauchisme, sont traversées par un certain nombre de traits qui les relient, qui en font un ensemble relativement cohérent. Quelle que soit la façon dont on la nomme, « \u003cem\u003epolitiquement correct\u003c/em\u003e », «\u003cem\u003e wokisme\u003c/em\u003e », « \u003cem\u003ecancel culture \u003c/em\u003e», « \u003cem\u003eorthodoxie diversitaire \u003c/em\u003e» « \u003cem\u003edifférencialiste\u003c/em\u003e », ou « \u003cem\u003evictimaire\u003c/em\u003e », il s’agit bien d’une idéologie. Le débat se focalise souvent sur l’enseignement supérieur ; or elle se diffuse dans l’ensemble du corps social, probablement impulsée par la « \u003cem\u003egénération surdiplômée \u003c/em\u003e» pour reprendre le titre d’un livre récent. ([2]) Elle s’infiltre dans les syndicats, les associations, les ONG, les partis politiques et les administrations. Elle imprègne le corps enseignant, jusqu’aux professeurs des collèges et des écoles, impose son style aux manuels scolaires, et diffuse dans l’univers médiatique, bien au-delà des universités. Cette idéologie formate la pensée, comme avait pu le faire l’idéologie marxiste jusqu’aux années 80 du siècle dernier ; elle impose ses tournures de raisonnement, son vocabulaire ; la pratique de l’écriture inclusive en est par exemple un signe manifeste.\u003c/p\u003e\n\u003cp\u003e\u0026nbsp;\u003cstrong\u003eL\u0026rsquo;indispensable neutralité axiologique\u003cbr /\u003e\u003c/strong\u003e\u003cbr /\u003eIl est clair qu’il faut changer de cap, la première ligne de front étant l’enseignement. Il semble nécessaire de se souvenir des avertissements de Max Weber (déjà cité) Il préconisait la « \u003cem\u003eneutralité axiologique\u003c/em\u003e », affirmant que « l\u003cem\u003ee prophète et le démagogue n\u0026rsquo;ont pas leur place dans une chaire universitaire\u003c/em\u003e ». Du fait que le professeur se trouve dans un rapport de force supérieur (du point de vue intellectuel, mais aussi parce qu’il est l’évaluateur de l’étudiant), il considère qu’il est «\u003cem\u003e inexcusable de profiter de cette situation pour essayer de marquer ses élèves de ses propres conceptions politiques au lieu de leur être utile \u003c/em\u003e». \u003c/p\u003e\n\u003cp\u003e\u003cstrong\u003ePertinence du critère de réfutabilité\u003cbr /\u003e\u003c/strong\u003e\u003cbr /\u003eCela signifie que, si, encore une fois, toute théorie peut être développée par les travaux de recherche, et doit pouvoir être enseignée partout, c’est en tant que théorie, et non comme un « progrès général de la connaissance », sorte de nouvelle révolution copernicienne des sciences humaines, incontestée et incontestable, s’imposant de façon exclusive. Elle doit, quelque soit le niveau d’enseignement, être présentée comme théorie, c’est-à-dire rester réfutable au sens de Karl Popper, être mise en concurrence avec d’autres thèses, être confrontée à d’autres modes de pensée, et être soumise au crible de l’esprit critique. De ce point de vue, il ne faut plus tolérer les entraves à la liberté d’expression qui sont bien connues maintenant, le boycott de certaines personnalités, l’empêchement de conférences, la réduction au silence de « l’ennemi », du mâle blanc, des hétérosexuels, du réactionnaire esclavagiste, etc… Il ne faut plus tolérer la destruction de notre patrimoine culturel, de nos statues, de nos noms de rue, de nos établissements scolaires, de nos commémorations, et encore moins la révision de nos œuvres littéraires ou lyriques. Le passé est ce qu’il est, avec ses lumières et ses ombres. On peut le juger, le condamner moralement, le regretter, mais en aucun cas le gommer. \u003c/p\u003e\n\u003cp\u003e\u003cstrong\u003eDes théories biodégradables\u003cbr /\u003e\u003c/strong\u003e\u003cbr /\u003eOn peut penser pour conclure (sans être forcément suivi du lecteur), que si ces principes de liberté d’expression, de pluralité des points de vue, de confrontations entre les théories sont respectées, ces élucubrations idéologiques s’évaporeront avec le temps, Faisons ici le pari que les expressions du type « \u003cem\u003eblanchité\u003c/em\u003e », « \u003cem\u003emâle blanc\u003c/em\u003e », «\u003cem\u003eculture du viol\u003c/em\u003e », « \u003cem\u003eracisme systémique \u003c/em\u003e», etc, apparaîtront dans vingt ou trente ans aussi ridicules qu’aujourd’hui les « \u003cem\u003eil est interdit d’interdire\u003c/em\u003e », ou « \u003cem\u003ejouissons sans entraves\u003c/em\u003e » des années 68, et que l’écriture inclusive disparaîtra comme ont disparu les «\u003cem\u003emaths moderne\u003c/em\u003es » ou la «\u003cem\u003e grammaire structurale \u003c/em\u003e» qui étaient les dogmes pédagogiques des années 70. Un produit biodégradable est un produit qui se décompose avec le temps. Tel est le destin souhaitable de ces nouvelles théories. Maurice Merchier\u003c/p\u003e\n\u003cp\u003e[1] Max Weber le savant et le politique, conférences de 1917 et 1919\u003cbr /\u003e[2] Monique Dagnaud, Jean-Laurent Cassely, Génération surdiplômée, les 20% qui transforment la France, Odile Jacob, janvier 2021\u003c/div\u003e\n","author":{"node":{"id":"dXNlcjoyMjA1MDY5Nzg="}}}]}},"posts":[{"id":"cG9zdDoxNTAz","title":"Débat Koulberg-Merchier à propos de la lettre 46","uri":"/2021/03/28/islamogauchismeouislamogauchisme/","date":"2021-03-28T08:04:47","categories":{"nodes":[{"name":"Colonialisme","slug":"colonialisme"},{"name":"Idéologie","slug":"ideologie"}]},"slug":"islamogauchismeouislamogauchisme","content":"\u003cdiv\u003e\u003cstrong\u003eLettre de André Koulberg à Maurice Merchier\u003c/strong\u003e\u003c/p\u003e\n\u003cp\u003eMonsieur Merchier\u003c/p\u003e\n\u003c/div\u003e\n\u003cdiv\u003eLe projet de l\u0026rsquo;Encyclopédie du changement de cap m\u0026rsquo;a toujours intéressé et j\u0026rsquo;ai un peu participé à son lancement. Nous insistions sur la dimension collective et pluraliste des contributions, la connaissance du terrain, l\u0026rsquo;exigence critique\u0026#8230; Or, en lisant votre lettre d\u0026rsquo;information, il ne me semble rien retrouver de tout cela.\u003c/div\u003e\n\u003cdiv\u003eD\u0026rsquo;abord, une personne seule qui exprime quelques unes de ses idées sur une thématique aussi riche et complexe, cela me semble très éloigné de ce que devrait être une encyclopédie. Ensuite sur le fond, je reste sur ma faim.\u003c/div\u003e\n\u003cdiv\u003eVous faites des commentaires sur des faits, des concepts, des constats qui ne sont pas questionnés, et qui semblent donc aller de soi. Cela me fait aussitôt réagir !\u003c/div\u003e\n\u003cdiv\u003eA aucun moment vous n\u0026rsquo;analysez ce que serait « l\u0026rsquo;islamo-gauchisme », la « culture du viol », ce que vous nommez le « décolonialisme », etc\u0026#8230; Cela paraît, à vous lire, évident. Ce sont quelquefois des débats qui ont duré des dizaines d\u0026rsquo;années qui disparaissent ainsi sous l\u0026rsquo;évidence. Vous dites bien à un moment qu\u0026rsquo;il faudrait un vrai débat de fond, mais il n\u0026rsquo;est nulle part.\u003c/div\u003e\n\u003cdiv\u003eMieux,, non seulement vous commentez des évidences non problématisées, mais votre jugement de valeur est partout, substituant à l\u0026rsquo;analyse une deuxième réduction à l\u0026rsquo;évidence : celle de votre point de vue. Ainsi, on apprend que « l »antiracisme », le « néoféminisme » (lequel ?), « la cause LGBT »\u0026#8230; sont seulement des «\u0026nbsp; théories », pire encore, des « idéologies » qui s\u0026rsquo;infiltreraient partout\u0026#8230; Sans un mot d\u0026rsquo;analyse sur ce qu\u0026rsquo;est la situation des étrangers, des femmes, des homosexuels en France et sur les différents mouvements, associations, courants qui défendent le droit des étrangers souvent victimes de discriminations, le droit des femmes, le droit des homosexuels eux-mêmes victimes de nombreuses agressions en France. Si on élimine tout cela que reste-t-il de la réalité dont on est censé parler ? Les antiracismes, les féminismes, etc. ne sont pas que des idées pures, elles prennent racine dans un réel que l\u0026rsquo;on ne peut laisser de côté.\u003c/div\u003e\n\u003cdiv\u003eVous invoquez la neutralité axiologique de Max Weber, mais cela vaut-il pour vous-même ? Vous jugez immodérément. Au détriment de l\u0026rsquo;étude de la réalité complexe et conflictuelle sur laquelle portent vos jugements. C\u0026rsquo;est être très loin du terrain que de ne voir dans la défense de « la cause LGBT » qu\u0026rsquo;une posture idéologique.\u003c/div\u003e\n\u003cdiv\u003ePrenons un autre exemple de ces jugements hâtifs. Selon vous, l\u0026rsquo;expression « culture du viol » est ridicule. Mais d\u0026rsquo;où sort-elle ? Qu\u0026rsquo;est-ce qu\u0026rsquo;elle signifie ? Même dans un exposé relativement court vous auriez pu répondre à ces questions, car sans y répondre on parle de quoi ?\u003c/div\u003e\n\u003cdiv\u003eLa « culture du viol » est aujourd\u0026rsquo;hui une expression mise en avant par des antiféministes pour suggérer que les féministes tiennent des propos déraisonnables, délirants et qu\u0026rsquo;elles sont bien ces militantes extrémistes et hystériques dénoncées un peu partout. Mais d\u0026rsquo;où vient ce terme ? En France, du livre de Valérie Rey-Robert : « Une culture du viol à la française » (Libertalia, 2019). Ce n\u0026rsquo;est nullement l\u0026rsquo;ouvrage d\u0026rsquo;une féministe échevelée lançant des accusations délirantes, mais une étude sociologique précise et sérieusement argumentée.\u0026nbsp;\u003c/div\u003e\n\u003cdiv\u003eEntre 50 et 80000 viols ou tentatives de viols, des centaines de milliers d\u0026rsquo;agressions sexuelles en tout genre sont répertoriés en France chaque année\u0026#8230; ce phénomène massif demande à être expliqué. Valérie Rey-Robert montre qu\u0026rsquo;il ne peut s\u0026rsquo;expliquer que par l\u0026rsquo;existence d\u0026rsquo;une mentalité, une « culture » beaucoup plus large que celle des délinquants sexuels incriminés par la justice, une culture banalisant les agressions « ordinaires » du quotidien, une mentalité sexiste\u0026#8230;\u003c/div\u003e\n\u003cdiv\u003eRien de délirant dans ces considérations. On peut toujours chercher à contester ces thèses en répondant aux arguments énoncés, mais se servir de la formule « culture du viol », sortie de son contexte, pour rééditer la vieille accusation d\u0026rsquo;extrémisme et d’irrationalité portée contre les féministes est un acte de propagande : de propagande antiféministe.\u003c/div\u003e\n\u003cdiv\u003eEn reprenant ces jugements sans analyse critique, on sert (« non intentionnellement », pour reprendre votre expression) cette propagande.\u003c/div\u003e\n\u003cdiv\u003ePour ce qui est de « l\u0026rsquo;islamo-gauchisme », l\u0026rsquo;absence de distance critique et d\u0026rsquo;analyse, est tout aussi fâcheuse. Un terme de combat destiné à discréditer ses adversaires idéologiques (les pamphlets de Pierre-André Taguieff, aussitôt suivis par de nombreux propagandistes, dans bien des cas totalement ignorants de ces questions) est brandi comme un fait avéré. Mais pour lui attribuer la dignité d\u0026rsquo;un fait, il faudrait d\u0026rsquo;abord vérifier que ces pamphlets sont des modèles d\u0026rsquo;objectivité, qu\u0026rsquo;ils n\u0026rsquo;ont jamais été rigoureusement réfutés, que l\u0026rsquo;action des « gauchistes » favorisent effectivement l\u0026rsquo;islamisme, que ces « gauchistes », porteurs d\u0026rsquo;une idéologie unique, existent\u0026#8230;\u003c/div\u003e\n\u003cdiv\u003eIl n\u0026rsquo;y a pas d\u0026rsquo;évidences moins évidentes que ce genre de termes. Les reprendre tels quels, c\u0026rsquo;est reproduire les discours dominants sans les questionner. Tant de magazines, d\u0026rsquo;émissions de télévision, d\u0026rsquo;idéologues le font ! Il n\u0026rsquo;est pas nécessaire d\u0026rsquo;y ajouter une encyclopédie de plus.\u003c/div\u003e\n\u003cdiv\u003eTout au contraire, une encyclopédie riche de plusieurs voix, susceptible d\u0026rsquo;encourager l\u0026rsquo;approfondissement critique, aurait vraiment un rôle à jouer en cette période troublée. J\u0026rsquo;espère qu\u0026rsquo;après ce qui me semble être un faux pas, elle en prendra le chemin. Bonne continuation !\u003c/p\u003e\n\u003cp\u003e\u003cstrong\u003eRéponse de M Merchier\u003c/strong\u003e\u003c/div\u003e\n\u003cdiv\u003e\u0026nbsp;\u003c/div\u003e\n\u003cdiv\u003eMerci M Koulberg de votre commentaire\u003c/p\u003e\n\u003c/div\u003e\n\u003cdiv\u003ePour satisfaire votre « faim », il me faudrait publier un véritable ouvrage ! Certes, je ne « questionne » pas tous les faits ni tous les concepts que j’utilise. Cela ne peut se faire dans le cadre d’un article général, dans lequel il y a forcément des références allusives. Il\u0026nbsp; n’est d’ailleurs pas possible de faire autrement, et vous ne faites pas autrement vous-mêmes, en pratiquant également le jugement de valeur sans démonstration : le livre de Valérie Rey-Robert, correspondant à vos préférences idéologiques, est pour vous un authentique travail de sociologue, mais celui de Pierre-André Taguieff, qui n’y correspond pas, est un pamphlet. \u0026nbsp;\u003c/div\u003e\n\u003cdiv\u003eIl me faudrait répondre point par point aux objections que vous formulez. Mon objectif dans cet article n’était pas d’argumenter pour toutes les déclinaisons de cette culture « woke », mais de montrer qu’elles forment un ensemble, et que l’on sous-estime son importance dans la mesure où elle s’imprime en profondeur dans les représentations, et cela dès l’école, ce que je me propose d’analyser dans de futurs articles, mais, rassurez-vous, ailleurs que dans l’eccap ou sa lettre d’information.\u003c/div\u003e\n\u003cdiv\u003ePlutôt que d’aller plus avant dans une vaine polémique, je vais tirer les leçons de cette discordance, qui m’oppose, je l’admets, à beaucoup d’autres contributeurs de l’eccap, y compris à son co-responsable et fondateur, que vous connaissez bien.\u0026nbsp;\u003c/div\u003e\n\u003cdiv\u003eIl semble bien qu’ici, comme dans le débat public, une ligne de démarcation se renforce au fil du temps, jusqu’à devenir un véritable clivage, supplantant la vieille division droite/gauche, et divisant profondément des gens qui pourtant combattent ensemble le néolibéralisme.\u003c/div\u003e\n\u003cdiv\u003eLes raisons de ce paradoxe restent à analyser en profondeur. Là encore, c’est un chantier auquel je compte bien participer. En attendant, voici quelques raisons pour lesquelles j’ai « choisi mon camp », et que mon chemin va se séparer de celui de l’eccap, résolvant ainsi le trouble qu’ont pu susciter certains de mes textes, chez ceux qui participent ou adhèrent à la démarche de cette encyclopédie en ligne.\u003c/div\u003e\n\u003cdiv\u003eLa société dont je rêve est une société du dialogue ; le dialogue, c’est accepter le débat avec ceux qui ne sont pas d’accord : or de quel côté sont les empêchements de conférences, les pièces de théâtre interdites ? Les professeurs mis à l’index et désignés à la vindicte, comme à Grenoble ? Vous souhaitez une encyclopédie « riche de plusieurs voix » ; mais apparemment à condition que ces voix soient d’accord sur tout, (et je me demande ce qu’est alors « l’approfondissement critique » ?) puisque vous considérez que mon article est un « faux pas », et souhaitez qu’il ne se reproduise plus (à savoir que je disparaisse de l’eccap).\u003c/div\u003e\n\u003cdiv\u003eLa société dont je rêve est celle dans laquelle le « vivre ensemble » fonctionne « vraiment », c’est-à-dire dans laquelle des gens différents se côtoient, dialoguent, se « mélangent » oserais-je même dire. Je ne peux donc admettre des réunions « non mixtes » sexuellement ou racialement. Je ne peux admettre les « safe space » dans lequels on se réfugie entre gens qui pensent de la même façon. Plus globalement j’ai la conviction qu’il faut combattre l’orientation générale vers le communautarisme, et qu’il faut défendre notre République laïque qui offre un modèle unique au monde et exemplaire de ce vivre-ensemble.\u003c/div\u003e\n\u003cdiv\u003eLe présupposé implicite de ces comportements collectifs que je réprouve, c’est le déni de toute capacité d’empathie de l’être humain. Je suis offensé, je suis blessé quand on considère qu’un homme ne peut pas comprendre les violences que subit une femme. « L’inhumanité infligée à l’autre détruit l’humanité en moi. » disait Kant. Je ressens cela quand tout humain subit des violences, quelle que soit sa race, son sexe, son âge, et subis moi-même comme une agression le fait qu’on puisse en douter. Que seule une femme puisse défendre les femmes, qu’un « non blanc » puisse défendre les « non blancs », qu’un musulman puisse défendre les musulmans, qu’un descendant d’un peuple colonisé puisse mettre en cause la colonisation, qu’un homosexuel puisse défendre un homosexuel est une régression terrible.\u0026nbsp;\u003c/div\u003e\n\u003cdiv\u003eJe réprouve l’ordre moral que cette idéologie est en train d’imposer. La police du langage, les mots interdits, l’évacuation de la caricature, de la moquerie, de l’humour – par incapacité de pratiquer le « second degré » \u0026#8211; l’obligation de pratiquer l’auto-censure en permanence dans l’espace pubic (et donc privé puisqu’il n’y a plus de frontière entre les deux). Ordre moral étouffant qui conduit à évacuer de l’histoire tout ce qui ne s’y conforme pas, en déboulonnant les statues et en rebaptisant les noms de rue, en revisitant les contes pour enfants et en transformant des œuvres littéraires.\u0026nbsp;\u003c/div\u003e\n\u003cdiv\u003eJe réprouve l’auto-dénigrement collectif que cet ordre moral encourage, la repentance obligée face aux heures sombres de notre passé. L’effondrement de l’histoire à l’école y est lié, comme l’a bien vu Charles Peguy : « une société qui n’enseigne pas est une société qui ne s’aime pas ; qui ne s’estime pas ; et tel est le cas de la société moderne. ». Comment maintenir un consensus social, comment donner l’envie aux immigrants de s’intégrer dans de telles conditions ? Certes ces heures sombres existent ; il est légitime de les étudier, de les regretter, de nous mettre en garde collectivement contre leur éventuel retour. Mais il faut aussi les assumer, et ne pas en faire un fardeau de culpabilité reposant à jamais sur nos épaules et celles de nos enfants.\u003c/div\u003e\n\u003cdiv\u003eLes gens de ma génération, à laquelle appartiennent la plupart des contributeurs de l’eccap, devraient prendre conscience de la gravité de ce moment, et ont à mon avis le devoir de mettre en garde les plus jeunes contre les dérives de cette idéologie du « woke », plutôt que de se mettre paresseusement « dans le sens du vent » (« être dans le vent est un destin de feuille morte » comme a dit Jean Guitton), de chercher par de multiples « accommodements » intellectuels à garder leur contact, en feignant de « comprendre » et même « d’approuver » tous leurs errements, de peur sans doute d’être rejeté et disqualifié en tant que « boomer ». Parce que nous avons connu d’autres époques, et vécu d’autres épreuves, nous sommes mieux placés pour apprécier les dérives de celles-ci. Mais je sais que je ne serai pas entendu ici.\u003c/p\u003e\n\u003c/div\u003e\n\u003cdiv\u003eMaurice Merchier\u003c/div\u003e\n","author":{"node":{"id":"dXNlcjoyMjA1MDY5Nzg="}}},{"id":"cG9zdDoxNTA4","title":"N°= 46 Liberté d’expression pour théories biodégradables 1/03/2021","uri":"/2021/03/01/libertedexpressionpourtheoriesbiodegradables/","date":"2021-03-01T19:28:13","categories":{"nodes":[{"name":"Enseignement","slug":"enseignement"},{"name":"Idéologie","slug":"ideologie"}]},"slug":"libertedexpressionpourtheoriesbiodegradables","content":"\u003cdiv\u003e\u0026nbsp;\u003cstrong\u003eEncyclopédie du changement de cap\u003c/strong\u003e lettre@eccap.frMasquer\u003cbr /\u003eA | merchier@aol.com\u003c/div\u003e\n\u003cdiv\u003e\n\u003cfigure data-trix-attachment=\"{\u0026quot;contentType\u0026quot;:\u0026quot;image\u0026quot;,\u0026quot;height\u0026quot;:393,\u0026quot;url\u0026quot;:\u0026quot;https://ecp.yusercontent.com/mail?url=http%3A%2F%2F4e08x.img.a.d.sendibm1.com%2Fim%2F2576229%2F45c88f23829eda75ddc821cb29377f88b741b8dd6da6bd53b4126cd839da75df.jpg%3Fe%3DAx7Z8UeR48h2gjoz29t_jRf-9timRQLyXFuxkh2OQmoZwbj4CTZuQ3pfWbY8ROGvNmdY53YITujJm674q3cADh3y_wfjI36CD-DHLxc4yJ8qvWYavzGKgKD_cbtJmsY4pbheGV0CxW6uMi6aOoP37Pi02CA-0xsc9Nsr_WRtED6cblaKRBOepPOdmdN62J4Q-2Do4NJLYt-c_O61NkSw7xv23xJ4wHeFZGkfwQ\u0026amp;t=1615490373\u0026amp;ymreqid=0cd5bad2-9432-6300-2f57-50009e01bd00\u0026amp;sig=rxE2hNMD0vJLNF4sgZpzUQ--~D\u0026quot;,\u0026quot;width\u0026quot;:550}\" data-trix-content-type=\"image\" class=\"attachment attachment--preview\"\u003e\u003cimg loading=\"lazy\" decoding=\"async\" src=\"https://ecp.yusercontent.com/mail?url=http%3A%2F%2F4e08x.img.a.d.sendibm1.com%2Fim%2F2576229%2F45c88f23829eda75ddc821cb29377f88b741b8dd6da6bd53b4126cd839da75df.jpg%3Fe%3DAx7Z8UeR48h2gjoz29t_jRf-9timRQLyXFuxkh2OQmoZwbj4CTZuQ3pfWbY8ROGvNmdY53YITujJm674q3cADh3y_wfjI36CD-DHLxc4yJ8qvWYavzGKgKD_cbtJmsY4pbheGV0CxW6uMi6aOoP37Pi02CA-0xsc9Nsr_WRtED6cblaKRBOepPOdmdN62J4Q-2Do4NJLYt-c_O61NkSw7xv23xJ4wHeFZGkfwQ\u0026amp;t=1615490373\u0026amp;ymreqid=0cd5bad2-9432-6300-2f57-50009e01bd00\u0026amp;sig=rxE2hNMD0vJLNF4sgZpzUQ--~D\" width=\"550\" height=\"393\"\u003e\u003cfigcaption class=\"attachment__caption\"\u003e\u003c/figcaption\u003e\u003c/figure\u003e\n\u003cp\u003e\u003cstrong\u003eDes séquences récurrentes\u003cbr /\u003e\u003c/strong\u003e\u0026nbsp;\u003cstrong\u003e\u003cbr /\u003e\u003c/strong\u003eLa séquence est toujours la même. Après l’assassinat de Samuel Paty, Jean-Michel Blanquer dénonce une forme de « \u003cem\u003ecomplicité intellectuelle du terrorisme\u003c/em\u003e », et regrette que « \u003cem\u003eNotre société a été beaucoup trop perméable à des courants de pensées\u003c/em\u003e », au premier rang desquels « \u003cem\u003el’islamo-gauchisme\u003c/em\u003e ». Le 28 octobre, une centaine d’universitaires lui apporte son soutien, dénonçant à son tour l’islamo-gauchisme et « \u003cem\u003eles ravages des «idéologies indigéniste, racialiste et décoloniale\u003c/em\u003e ». Le 4 novembre, ce sont environ deux mille chercheurs et chercheuses qui dénoncent, dans une tribune au Monde, l’appel à « \u003cem\u003ela police de la pensée dans les universités\u003c/em\u003e ». Cette fois, ce sont les propos de Frédérique Vidal qui déclenchent la polémique, soutenus par Jean-Michel Blanquer, entraînant la réaction de la Conférence des présidents d’université faisant part de son « \u003cem\u003eémotion \u003c/em\u003e» , puis une nouvelle tribune, le 19 février, signée par plus de 600 membres de l’enseignement supérieur, dénonçant la « \u003cem\u003echasse aux sorcière\u003c/em\u003es » menée par leur ministre de tutelle, et réclamant sa démission. \u003c/p\u003e\n\u003cp\u003e\u003cstrong\u003eUne mise en cause maladroite\u003c/strong\u003e \u003c/p\u003e\n\u003cp\u003eLe gouvernement, et singulièrement la ministre de l’enseignement supérieur ont eu la grande maladresse d’avoir des propos qui pouvaient être interprétés comme des remises en cause des libertés académiques, même si telles n’étaient pas leurs intentions. Ils ont donné ainsi l’occasion à ces universitaires de se placer dans la posture avantageuse de résistance à un supposé pouvoir autoritaire cherchant à masquer les injustices et les inégalités. De plus, les accuser d’islamo-gauchisme, c’est-à-dire de faire au bout du compte le jeu des terroristes, suscite forcément leur indignation, car il va de soi que si encouragement à la radicalité il y a, il n’est en aucun cas intentionnel. Cela devrait être l’objet d’un (vrai) débat de fond. \u003c/p\u003e\n\u003cp\u003e\u003cstrong\u003eLes libertés académiques sont nécéssaires\u003cbr /\u003e\u003c/strong\u003e\u003cbr /\u003eAlors, disons-le, la liberté de recherche doit être défendue, et toutes les théories ont le droit d’être enseignées, quand elles ne transgressent pas la loi. Max Weber faisait de l\u003cem\u003e’éthique de la conviction\u003c/em\u003e la caractéristique principale du métier de savant ([1]). Cela implique, par définition, que la recherche de la vérité doit s’accomplir et s’exprimer quelles qu’en soient les conséquences. Ainsi, même s’il s’avère que ces théories de la domination blanche, de la persistance d’un inconscient colonisateur, d’un racisme d’Etat favorisent les entreprises islamistes, il faut les laisser s’exprimer. Les conséquences d’une théorie vraie ne sont pas forcément désirables. Cela sur le plan des principes : car – en pratique, dans le cas présent – il est possible de réfuter ces théories, et c’est ainsi, plutôt qu’en les interdisant, qu’on parviendra vraiment à les faire reculer.\u0026nbsp; \u003c/p\u003e\n\u003cp\u003e\u003cstrong\u003eUne nouvelle idéologie\u0026#8230;..\u003cbr /\u003e\u003c/strong\u003e\u003cbr /\u003eIl est tentant d’interpréter la récurrence de ces séquences en termes de clivage entre deux camps. C’est ce qu’on peut lire dans certains articles ; le Monde titre « I\u003cem\u003eslamo-gauchisme\u003c/em\u003e » : « \u003cem\u003eAu secours, le clivage droite-gauche revient ! \u003c/em\u003e» une tribune d’un collectif de députés LRM et ministres du gouvernement. Pourtant il n’en est rien et il ne faut pas tomber dans le piège de cette apparente symétrie. Il ne s’agit pas de l’affrontement de deux idéologies opposées, comme en d’autres temps s’opposaient marxisme et libéralisme, ou en économie keynésianisme et monétarisme. Une seule est en train de se développer, de se répandre, et de gagner la bataille de l’hégémonie culturelle, sans que rien de consistant ne lui soit opposé, les idéaux issus de la philosophie des lumières, l’aspiration à l’universalisme, et la confiance dans la force d’émancipation de l’enseignement de masse étant en pleine déroute.\u0026nbsp; \u003cstrong\u003e\u0026#8230; \u003c/p\u003e\n\u003cp\u003ese diffuse dans le corps social\u003cbr /\u003e\u003c/strong\u003e\u003cbr /\u003eLes théories en cause : l’antiracisme, le néoféminisme, la cause LGTB, le décolonialisme, l’islamo-gauchisme, sont traversées par un certain nombre de traits qui les relient, qui en font un ensemble relativement cohérent. Quelle que soit la façon dont on la nomme, « \u003cem\u003epolitiquement correct\u003c/em\u003e », «\u003cem\u003e wokisme\u003c/em\u003e », « \u003cem\u003ecancel culture \u003c/em\u003e», « \u003cem\u003eorthodoxie diversitaire \u003c/em\u003e» « \u003cem\u003edifférencialiste\u003c/em\u003e », ou « \u003cem\u003evictimaire\u003c/em\u003e », il s’agit bien d’une idéologie. Le débat se focalise souvent sur l’enseignement supérieur ; or elle se diffuse dans l’ensemble du corps social, probablement impulsée par la « \u003cem\u003egénération surdiplômée \u003c/em\u003e» pour reprendre le titre d’un livre récent. ([2]) Elle s’infiltre dans les syndicats, les associations, les ONG, les partis politiques et les administrations. Elle imprègne le corps enseignant, jusqu’aux professeurs des collèges et des écoles, impose son style aux manuels scolaires, et diffuse dans l’univers médiatique, bien au-delà des universités. Cette idéologie formate la pensée, comme avait pu le faire l’idéologie marxiste jusqu’aux années 80 du siècle dernier ; elle impose ses tournures de raisonnement, son vocabulaire ; la pratique de l’écriture inclusive en est par exemple un signe manifeste.\u003c/p\u003e\n\u003cp\u003e\u0026nbsp;\u003cstrong\u003eL\u0026rsquo;indispensable neutralité axiologique\u003cbr /\u003e\u003c/strong\u003e\u003cbr /\u003eIl est clair qu’il faut changer de cap, la première ligne de front étant l’enseignement. Il semble nécessaire de se souvenir des avertissements de Max Weber (déjà cité) Il préconisait la « \u003cem\u003eneutralité axiologique\u003c/em\u003e », affirmant que « l\u003cem\u003ee prophète et le démagogue n\u0026rsquo;ont pas leur place dans une chaire universitaire\u003c/em\u003e ». Du fait que le professeur se trouve dans un rapport de force supérieur (du point de vue intellectuel, mais aussi parce qu’il est l’évaluateur de l’étudiant), il considère qu’il est «\u003cem\u003e inexcusable de profiter de cette situation pour essayer de marquer ses élèves de ses propres conceptions politiques au lieu de leur être utile \u003c/em\u003e». \u003c/p\u003e\n\u003cp\u003e\u003cstrong\u003ePertinence du critère de réfutabilité\u003cbr /\u003e\u003c/strong\u003e\u003cbr /\u003eCela signifie que, si, encore une fois, toute théorie peut être développée par les travaux de recherche, et doit pouvoir être enseignée partout, c’est en tant que théorie, et non comme un « progrès général de la connaissance », sorte de nouvelle révolution copernicienne des sciences humaines, incontestée et incontestable, s’imposant de façon exclusive. Elle doit, quelque soit le niveau d’enseignement, être présentée comme théorie, c’est-à-dire rester réfutable au sens de Karl Popper, être mise en concurrence avec d’autres thèses, être confrontée à d’autres modes de pensée, et être soumise au crible de l’esprit critique. De ce point de vue, il ne faut plus tolérer les entraves à la liberté d’expression qui sont bien connues maintenant, le boycott de certaines personnalités, l’empêchement de conférences, la réduction au silence de « l’ennemi », du mâle blanc, des hétérosexuels, du réactionnaire esclavagiste, etc… Il ne faut plus tolérer la destruction de notre patrimoine culturel, de nos statues, de nos noms de rue, de nos établissements scolaires, de nos commémorations, et encore moins la révision de nos œuvres littéraires ou lyriques. Le passé est ce qu’il est, avec ses lumières et ses ombres. On peut le juger, le condamner moralement, le regretter, mais en aucun cas le gommer. \u003c/p\u003e\n\u003cp\u003e\u003cstrong\u003eDes théories biodégradables\u003cbr /\u003e\u003c/strong\u003e\u003cbr /\u003eOn peut penser pour conclure (sans être forcément suivi du lecteur), que si ces principes de liberté d’expression, de pluralité des points de vue, de confrontations entre les théories sont respectées, ces élucubrations idéologiques s’évaporeront avec le temps, Faisons ici le pari que les expressions du type « \u003cem\u003eblanchité\u003c/em\u003e », « \u003cem\u003emâle blanc\u003c/em\u003e », «\u003cem\u003eculture du viol\u003c/em\u003e », « \u003cem\u003eracisme systémique \u003c/em\u003e», etc, apparaîtront dans vingt ou trente ans aussi ridicules qu’aujourd’hui les « \u003cem\u003eil est interdit d’interdire\u003c/em\u003e », ou « \u003cem\u003ejouissons sans entraves\u003c/em\u003e » des années 68, et que l’écriture inclusive disparaîtra comme ont disparu les «\u003cem\u003emaths moderne\u003c/em\u003es » ou la «\u003cem\u003e grammaire structurale \u003c/em\u003e» qui étaient les dogmes pédagogiques des années 70. Un produit biodégradable est un produit qui se décompose avec le temps. Tel est le destin souhaitable de ces nouvelles théories. Maurice Merchier\u003c/p\u003e\n\u003cp\u003e[1] Max Weber le savant et le politique, conférences de 1917 et 1919\u003cbr /\u003e[2] Monique Dagnaud, Jean-Laurent Cassely, Génération surdiplômée, les 20% qui transforment la France, Odile Jacob, janvier 2021\u003c/div\u003e\n","author":{"node":{"id":"dXNlcjoyMjA1MDY5Nzg="}}}],"slug":"ideologie"},"__N_SSG":true},"page":"/categories/[slug]","query":{"slug":"ideologie"},"buildId":"llaLTW-O8ScQj-EoSn8pc","isFallback":false,"isExperimentalCompile":false,"gsp":true,"locale":"fr","locales":["fr"],"defaultLocale":"fr","scriptLoader":[]}