Féminisme. Quelques citations.

Féminisme
1 – Et si le regard féminin changeait l’économie.
 Luigino Bruni dans Avennire du 7 otobre 2018.

Economie est un mot grec qui décrit directement à la maison (oïkos nomos, règles pour gérer la maison), et donc la famille. Cependant l’économie moderne, et plus encore l’économie contemporaine, s’est pensée comme un milieu régi par des principes différents et à de nombreux égards opposés aux principes et aux valeurs qui ont toujours régi et continue de régir la famille. Un principe qui fonde la famille, peut-être le premier et celui qui sous-tend tous les autres, c’est celui de la gratuité… La famille est en effet le principal lieu où nous apprenons pour toute la vie et spécialement depuis l ‘ enfance ce que Pavel Florensky appelle «l’art de la gratuité». C’est là surtout en tant qu’enfants, que nous apprenons aussi à travailler, car il n’y a pas de travail bien fait sans gratuité. Notre culture, cependant,

Dire gratuité signifie donc reconnaître qu’un comportement doit être fait parce qu’il est bon et non parce qu’il est récompensé ou sanctionné. La gratuité nous sauve ainsi de la tendance prédatrice qu’il y a en chaque personne, elle nous demande de manger les autres et nous-mêmes. C’est ce qui distingue la prière de la magie, la foi de l’idolâtrie, ce qui nous sauve du narcissisme, qui est la grande maladie de masse de notre époque, à cause de l’absence de gratuité.

Si la famille veut et doit cultiver la gratuité, elle doit faire très attention de ne pas importer dans son foyer la logique de l’incitation qui prévaut aujourd’hui partout… Si, en revanche, même au sein de la famille, on commence à mettre en pratique la logique et la culture de l’incitation et que l’argent devienne ainsi le «pourquoi» on fait ou ne fait pas les tâches et les petits travaux domestiques, ces enfants en tant qu’adultes seront difficilement de bons travailleurs, car le travail bien fait de demain repose toujours sur cette gratuité qu’on apprend surtout dans les premières années de la vie, et particulièrement à la maison…

Ce n’est certainement pas un hasard si l’économie de la communion est née du regard d’une femme (Chiara Lubich), si la première à théoriser les biens communs a été Catherine Coman (en 1911) et si Elinor Ostrom a été récompensée (seule femme jusqu’à présent) par le prix Nobel d’économie en raison de ses travaux sur les biens communs. Et ce sont deux femmes (Martha Nussbaum et Carol Uhlaner) qui sont à l’origine des biens relationnels. Lorsque le regard féminin sur l’économie fait défaut, les seules relations observées sont les relations instrumentales, où ce n’est pas la relation qui est un bien, mais où les relations humaines et avec la nature sont des moyens utilisés pour se procurer des biens.

2 – Simone de Beauvoir interviewée en 1978 par Pierre Viansson-Ponté,

Vous disiez en 1967, dans vos entretiens avec Francis Jeanson: «Le féminisme, c’est une manière de vivre individuellement et de lutter collectivement». Vivre le féminisme individuellement, commentateur? Et lutter collectivement, commentateur?

Je garderai toujours cette formule, c’est-à-dire qu’individuellement, on peut essayer de s’affranchir des contraintes économiques qui pèsent contre la femme, on peut essayer d’avoir un métier, de travailler au dehors, de faire une carrière. Cela dit c’est dangereux, parce que notre but à nous, ce que nous appelons le féminisme radical, ce n’est pas de prendre la place des hommes, pour retomber dans les mêmes défauts qu’eux. (…). Nous ne souhaitons pas que les femmes prennent ce goût du pouvoir et tous les défauts des hommes.

Depuis quand vous définissez-vous comme «féministe radicale»? Depuis pas très longtemps au fond?

C’est-à-dire que j’ai toujours dit que j’étais féministe… dans la mesure où féministe, pour moi cela voulait dire que je réclamais une identité de situation entre l’homme et la femme, et d’égalité radicale entre l’homme et la femme. Mais comme nous parlions tout à l’heure de travail collectif, il n’y avait pas de collectif de travail qui vraiment m’intéressât.

C’est seulement depuis 1971 ou 1972 que j’ai rencontré des jeunes féministes qui m’ont contactée à propos des problèmes de l’avortement, avec qui j’ai commencé à travailler tout à fait en sympathie parce qu’elles étaient féministes pas pour prendre la place des hommes, mais pour changer le monde tel qu’il est fait par les hommes. Et cela est une chose beaucoup plus intéressante à mes yeux.

3 – Extraits d’Olivier Rey: Homme-femme: heureuse différence ou guerre des sexes? Extraits de «La famille: héritage ou avenir?. Paris Editions Parole et Silence. 2011, p. 31-40.

«On ne saurait vraiment comprendre l’activisme technique moderne, si souvent dénoncé, si on ne mesure pas à quel point ce matérialisme est la contrepartie d’un spiritisme radical. Il ne s’agit plus, comme dans les temps anciens d’échapper à la matière par l’esprit, il s’agit de soumettre entièrement la matière à l’esprit. Ernest Renan affirme, dans l’Avenir de la science: «Le grand règne de l’esprit ne commence que quand le monde matériel sera parfaitement soumis à l’homme». On ne parle plus d’âme. Cependant une autre entité métaphysique a pris sa place: une volonté impérieuse, impérialiste, revendicatrice, devant laquelle tout doit plier. De là l’agressivité particulière à contre du donné, de tout donné, de tout ce qui pourrait paraître intangible ou indisponible: le passé, la tradition, la nature.

Fatalement, ce mouvement d’émancipation à l’égard du donné en vient à se heurter à un donné fondamental: la différence sexuelle. Face à la réquisition générale du monde par la volonté, voilà un obstacle de taille: peut-être l’obstacle suprême. Un obstacle qu’on s’emploie donc, par de multiples manières, à contourner, à saper, à dissoudre.

… La nature n’est plus une nature, elle est appréhendée comme une matière première infiniment malléable. Rien ne doit échapper à l’emprise, pas même la différence sexuelle. Et pas même évidemment la différence sexuelle entre les humains.

«L’anatomie, c’est le destin» disait Freud: pour refuser le destin, il devient donc nécessaire de démentir au besoin l’anatomie. Soit en la modification, par la technique médicale, soit en la déclarant subsidiaire. A la catégorie de sexe, on préfère alors celle du «genre» -substitution à un donné, naturel et social, qui nous définit, d’une identité choisie, par laquelle l’individu entend se définir. Que les choses soient claires: il n’est nullement question, here, de s’en prendre, le moins du monde, aux personnes transsexuelles ou transgenres. Comme l’a écrit Nietzsche, «il y a vraiment quelque chose à dire en faveur de l’exception». Cela dit Nietzsche ajouté: «à condition que l’exception ne veuille jamais devenir la règle». Ou c’est de cela qu’il est souvent aujourd’hui question.

4- La présidente de l’Ethiopie dénonce une société profondément patriarcale.

Sahle-Work Zewde, seule femme aujourd’hui à la tête d’un Etat africain qui compte 105 millions d’habitants a déclaré: «Il faut fondamentalement changer le statut de la femme. Toutes ces pratiques nocives liées à la culture, aux coutumes, ce n’est pas la force de la loi qui peut les faire changer, ce sont les mentalités ».

5- Romain Gary, en 1975: «L’absence de féminité dans notre civilisation est effrayante».

Pour son émission sur France Inter, Jacques Chancel disait à Romain Gary: Parfois les hommes et les femmes ne veulent pas parler de ce qui touche leur cœur.  Celui-ci réalise: Ces problèmes sont simplement dus à des siècles et des siècles de préjugés, qui font que l’homme doit conserver son image virile et supérieure, la femme doit conserver son image féminine, douce et soumise. Finalement, cette égalité dans l’expression franche, ouverte, libre y compris des problèmes sexuels, leur est un tabou. Et cette absence de communication que j’appelle l’absence de «fraternité» entre les hommes et les femmes est un des grands drames du couple.

Vous accordez un intérêt extraordinaire aux femmes qui, à votre avis, ne sont pas assez satisfaits. Même en ce moment où on s’occupe beaucoup d’elles…

Même sans s’engager dans le domaine du féminisme proprement dit, il y a une absence de féminité dans notre civilisation qui est effrayante. Je ne veux pas me lancer dans des propos religieux, vérifier plus que je suis incroyant, mais si vous regardez la parole duc Christ, elle est essentiellement féminine. La voix du Christ était une parole de femme, du moins au sens traditionnel que l’on donne à ce terme. Tendresse, pitié, amour, bonté, pardon. Mais ces vertus sont totalement absentes de deux mille et de notre civilisation. En dehors de l’égalité hommes-femmes, qui est évidente, il faut une transformation des valeurs dites «masculines» en valeur féminines. C’est pourquoi je ne comprends pas les mouvements féministes qui se réclament d’une sorte de masculinité, à parts égales avec les hommes. Elles devraient au contraire se retrancher de plus en plus, et élaborer des valeurs féminines pour en féconder notre civilisation. Mais c’est sans doute une vue un peu idéaliste des choses.

Dans votre nouveau roman, «Au-delà de cette limite, votre ticket n’est plus valable», vous rendez peut-être aux femmes leur juste valeur, mais vous remettez surtout les hommes à leur place. Qu’est-ce qu’ils prennent les hommes! On va vous dire que vous trahissez la caste…

Ca m’a été dit. J’ai reçu des lettres de ce genre. J’ai reçu également des insultes d’une dame qui m’a affirmé que je minais la virilité de son mari, et que j’étais un salaud d’avoir écrit ce livre-là. Mais quelle est la critique que je fais, là-dedans? Je ne critique pas les hommes. Je critique deux mille ans de civilisation qui font peser sur l’homme une hypothèque de fausse virilité et de fanfaronnade de coq, de manifestation extérieure d’une virilité inexistante, ce qui est catastrophique.

Après que Romain Gary ait déclaré qu’il croyait profondément au couple, Jacques Chanel lui a demandé : Et la fidélité?

Oui, mais pas à la fidélité épidermique, quand même. La fidélité de dévouement profond de l’un à l’autre, qui peut se contenter très bien de quelque égarement en cas d’absence. Je crois que la vérité des rapports de l’homme et de la femme, c’est le couple, et tout le reste de la crème chantilly. C’est très bon, la crème chantilly, mais enfin la vérité et la profondeur, c’est cette espèce d’équipe à deux, de soudure profonde, de complicité, cette entente instinctive de tous les instants, ce partage de tous les buts dans la vie et de tout ce qu’on veut faire, des rêves aussi, qui est absolument irremplaçable et qui a été l’une des grandes beautés, l’un des grands fleurons de la civilisation occidentale. Parce que c’est nous, quand même, qui semble inventé.

6- 21 octobre 2019. Ecoféminisme. Extraits de l’article de Catherine Vincent dans Le Monde du 17 octobre 2019.

Le terme qui postule un lien entre l’oppression des femmes et la destruction de la nature, est apparu en 1974 sous la plume de la militante féministe Francine d’Eaubonne. Née en 1920 d’une famille bourgeoise désargentée, membre du PC jusqu’en 1956, cette militante convaincue établissent très vite une synthèse entre lutte des classes et lutte féministe. «En postulant que la même matrice idéologique a conduit à la domination des hommes sur les femmes et au saccage de la nature [elle} dénonce non seulement l’organisation sexiste de la société mais surtout lui impute la destruction de l’environnement» résume » Caroline Goldblum auteure de «Françoise d’Eaubonne et l’écoféminisme» (Le passager clandestin, 2019, 132 pages, 10 euros).

La philosophe Emilie Hache, qui a dirigé sous le titre Reclaim (Cambourakis, 2016) un recueil d’écrits états-uniens, insiste sur la dimension «expérimentale et créative du corpus écoféministe, trop souvent ignoré». Reclaim, terme emprunté au vocabulaire écologique, signifie ici le fait de «régénérer», de «réhabiliter» à la fois la nature et la féminité. Un objectif au cœur de l’écoféminisme concernant les personnalités politiques elles-mêmes semblent ne pas être insensibles. Le 10 janvier Delphine Batho, Présidente de Génération Ecologie, affirmait ainsi à l’Obs que «l’expérience commune des femmes de la mise à disposition du pouvoir dans tous les domaines (…) les rend plus promptes à transformer ce pouvoir et à réinventer une relation positive au vivant ». Tandis que Ségolène Royal,

7- Voici ce qu’a déclaré Ghaleb Bencheikh (islamologue franco-algérien, Président de la Fondation de l’islam en France depuis 2018) au cours de son débat avec Alain Finkielkraut le 29 avril 2015.

 
Pour paraphraser Malraux si tant est qu’il l’eut dit un jour je pense que le XXI siècle finira par être féminin ou ne finira pas. Nous autres hommes, vir et pas homo, nous ne sommes que l’espèce mâle de l’humanité, et pas forcément la meilleure. Mais il se trouve aussi que la civilisation a été masculine. Depuis que la femme est sortie du gynécée grecque elle fut tournée à tour hétaïre, bacchante, bacchanale, odalisque, geisha et «meuf» dans nos banlieues mais jamais rendu intrinsèquement. Il faut peut-être arrêter avec cela.
Et je fais mienne cette belle parole de Rainer Maria Rilke quand dans sa correspondance avec Kappus écrit: « la femme qu’habite une vie plus spontanée plus confiante et plus mûre est sans doute plus proche de l’humain que l’homme ce mâle prétentieux et impatient qui ignore la valeur de ce qu’il croit aimer parce qu’il ne tient pas à la vie comme la femme par le fruit de ses entrailles ».
8- Extrait de la déclaration d’Abou Dabi de 2019 par le pape François et le Grand Imam Ahmad Al Tayyeb: «La fraternité humaine pour la paix mondiale et la coexistence commune»

C’est une nécessité indispensable de reconnaître le droit de la femme à l’instruction, au travail, à l’exercice de ses droits politiques. En outre on doit travailler à la libérer des pressions historiques et sociales contraires au principe de sa foi et de sa dignité. Il est aussi nécessaire de la protéger de l’exploitation sexuelle et du fait de la traiter comme une marchandise ou un moyen de plaisir ou de profit économique. Pour cela on doit cesser toutes les pratiques inhumaines et les coutumes courantes qui humilient la dignité de la femme et travailler à modifier les lois qui empêchent les femmes de jouir pleinement de leurs droits.

9- d’Alain Badiou et Barbara Cassin: «Homme, femme, philosophie» chez Fayard, 2019 p.215.

 … L’expérience d’être enceinte puis d’allaiter est, a été, pour moi au moins, d’un bonheur magique – j’ai de la compassion pour les hommes; en tant que l’un d’eux, je serais jaloux.se de cette plénitude croissante d’énergie épanouie anxiété dépossession folles, un absolu ininventable que les femmes ne demandent qu’à partager. Toucher à la vie à la mort. Donner naissance, c’est aussi mourir et donner mort. Il me semble qu’enfant, petite, je comprenais autrement mieux cela que jeune fille, si emmêlée de désirs d’hommes. La jeune fille nouvelle ou pas, n’a pas envie d’être grosse que je sache. Si elle est grosse c’est d’elle-même. Mais peut-être suis-je seulement jalouse qu’il existe des jeunes filles et qu’elles aient encore à devenir et à être enceintes »
10- Pablo Servigne, dans «« L’effondrement de l’empire humain – Regards croisés », Manon Commanet et Pierrot Pantel Editions rue de l’échiquier, août 2020
Quelle question aimeriez-vous que l’on vous pose?

Ces derniers temps, Gauthier Chapelle et moi-même nous interrogeons beaucoup sur la question du féminin. Le féminin sacré, en lien avec l’écoféminisme. Si nous voulons changer notre rapport au monde, il va être important de faire ressortir le féminin en chacun de nous. Chacun d’entre nous, homme ou femme, a une part masculine et une part féminine. Ce sont des archétypes qui, comme le yin et le yang, renvoient à deux polarités. Notre société s’est fortement masculinisée. Pour la décloisonner, il faut que nous retrouvions sa part de féminin et développer notre intuition, nos émotions, notre imagination … Un des grands drames de la Renaissance a été le massacre des sorcières et la destruction méthodique de ce qui était féminin, le mystère, l’intuition, ainsi que des savoirs vernaculaires. Le masculin boursouflé, pathologique a tout détruit. La rationalité, le discours, le sens, la lumière … ont écrasé le reste. Nous sommes toujours dans ce système de domination patriarcale qui se confond avec l’oppression des hommes envers les femmes et de l’homme envers la nature. C’est un immense chantier! Il fait partie de ce chemin intérieur que nous avons évoqué, ce fameux changement de notre rapport au monde. Là réside le féminin, l’intériorité. Si on garde le chemin extérieur (masculin), alors on perpétuera les mêmes travers. Ce sont des questions immenses qui touchent au cœur, au corps, à la psyché, à l’inconscient, aux mythes. Les rationalistes et les scientistes vont me tomber dessus, mais je pense que c’est précisément le rejet du mystère, de l’intuition, de l’obscurité qui pose problème. À eux de travailler leur intériorité! Développer la part de féminin en chacun de nous ne signifie pas pour autant réduire la part de masculin. Ce sont deux axes orthogonaux, complémentaires, sur compris, lorsque nous déployons chacun d’entre eux, nous faisons grandir la surface totale. Il existe une interaction entre les deux. Un homme qui suit une voie spirituelle (comme un bouddhiste) a un féminin immense, et rien ne l’empêche aussi de devenir un grand guerrier (la défense, la protection, le masculin sain). Nous avons besoin des deux. Gauthier Chapelle et moi avons conscience qu’en France, ces questions sont délicates!

11- Quelques chiffres

La population carcérale est composée en très grande majorité d’hommes. Au 1er janvier 2016, d’après le Ministère de la justice, les femmes représentaient seulement  3,5 % des détenus.

D’après une note de l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) publiée en décembre 2020, sur 6737 personnes mises en cause pour des violences sexuelles incestueuses entre 2016 et 2018, 95% sont de sexe masculin.
12- Extraits des interventions de l’émission sur Arte du 13 janvier 2020 à propos du livre de Camille Kouchner : « La familia Grande » Ed. du Seuil.

 L’inceste est un fléau beaucoup plus répandu qu’on ne le pense dans la société française. Les enfants sont les principales victimes des violences sexuelles, 80% sont des filles 20% des garçons. Une fille sur 5 et un garçon sur 13 subissent des violences sexuelles en France. La moitié des violences sexuelles sont des violences incestueuses intervenues à l’intérieur de la famille. Chaque année ce sont 135.000 filles et 35.000 garçons qui subissent des viols ou des tentatives de viols.

81% des violences sexuelles démarrent avant 18 ans, 51% avant onze ans, 21 % avant six ans.